J'ai recueilli un certain nombre de témoignages d'hommes me racontant leur 1re expérience sexuelle avec une jeune fille ou femme, plus âgée qu'eux donc, dans leur enfance ou prime adolescence.
Ces témoignages m'ont posé question à différents niveaux.
Le premier, je dirai que mon questionnement, c'est posé sur la fréquence. Il semblerait qu'il y ait beaucoup plus de femmes que l'on ne pense ou de jeunes filles, qui ont abusé sexuellement de garçons mineurs. Que ce soit en centre aéré, lors de camps de vacances, dans les toilettes du collège ou de la primaire ou lors d'une rencontre fortuite. D'après des statistiques datant de 2010, elles ne représenteraient que 5% des abus sexuels... Ce qui suscite mon deuxième questionnement, pourquoi n'y a t'il pas plus de dénonciation ?
En première intention, je dirai que c'est l'interprétation qui en est faite par ces hommes, comme n'étant pas un abus sexuel en tant que tel. Malgré le non-consentement, la gêne et/ou la honte ressentis, dus aussi bien à l'incompréhension de ce qui se passe comme au plaisir éprouvé malgré eux, ils n'arrivent pas à se considérer (pour certains) comme victime, abusés sexuellement par une femme lorsqu'ils étaient des garçons.
Comment un homme peut-il être victime d'une femme ?
C'est là où le regard de la société joue énormément. Bien souvent, ils vont développer l'idée que c'est quelque chose de valorisant, qu'une femme plus âgée qu'eux s'est intéressée à eux et a eu un désir sexuel pour eux.
Je pense qu'il y a la vieille idée qui dit qu'un vrai homme est celui qui plaît aux femmes. Tout comme on va valoriser un garçon qui aura des petites copines et fustiger une fille qui aura des petits copains.
J'arrive à voir un changement lorsque dans mes questionnements, j'inverse le paradigme.
Et si c'était une petite-fille de 9, 10 ou 11 ans qui se faisait abuser sexuellement lors d'un camp de vacances par un animateur ou un camarade de 4 à 5 ans plus âgé qu'elle ? Comment verriez-vous les choses ?
Par la suite, étant adulte, dans la construction du lien affectif, cela va avoir des répercussions sur le contrôle et/ou la domination.
Avoir du mal à établir une véritable intimité émotionnelle avec l'autre, car la croyance initiale est celle que l'autre ne s'intéresse à soi que pour le sexe ou notre corps.
Penser donc, qu'il n'y a que ça qui intéresse l'autre et en même temps devancer cette croyance-là en voulant coucher pour garder une certaine forme de contrôle sur ce que l'on croit inéluctable.
Il peut également y avoir un phénomène de passivité dans "le couple" formé, être complètement soumis aux désirs de l'autre, ne pas être à l'initiative ou assumer son propre désir, ses envies.
Pour arriver à retrouver une forme "d'équilibre" et surtout à tisser un lien émotionnel profond, de confiance, il est essentiel de parler. Je sais que pour un homme, cela est d'autant plus difficile, car comme on a pu le voir au début de cet article, les dictats de la société n'engagent pas vraiment à la prise de conscience de ce genre de traumatisme et surtout à recueillir avec bienveillance ces paroles.
Et pourtant, ce que nous considérons comme inadmissible pour une petite fille l'est tout autant pour un petit garçon.
Pour conclure, il est important de sensibiliser davantage la société aux traumatismes sexuels masculins, de remettre en question les stéréotypes de genre préjudiciables et de promouvoir une culture du consentement et du respect mutuel. Cela contribuerait à créer un environnement dans lequel les hommes se sentent à l'aise de partager leurs expériences et de chercher le soutien nécessaire.
Sans nul doute que nous y trouverions tous à y gagner.
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